En matière de diagnostic plomb, une expertise approfondie de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) remet en question vingt ans de pratiques établies. En effet, l’Agence, sollicitée par trois directions ministérielles (DGS, DGPR et DGT) a rendu public le 9 juillet 2025 un avis technique susceptible de modifier la réalisation du constat de risque d’exposition au plomb (CREP) de vente et de location. Plus concrètement, cet établissement public s’est penché sur la pertinence du maintien unique du critère d’analyse de la raie K pour la détection du plomb dans les revêtements.
L’étude menée par l’ANSES révèle que les appareils à tube à rayons X de seconde génération (sans source radioactive) ont considérablement progressé depuis les évaluations initiales de 2003-2005. Contrairement aux premières générations limitées à l’excitation de la raie L, ces nouveaux équipements démontrent une efficacité importante pour la détection du plomb autour du seuil critique de 1 mg/cm2. Cette évolution technique remet en cause le monopole des appareils à source radioactive dans les diagnostics plomb réglementaires, tels que le diagnostic plomb avant vente ou avant location, obligatoire au sein des logements d’avant 1949.
Les recommandations de cette institution reposent sur une analyse comparative rigoureuse, incluant les travaux du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) de 2015 et une étude récente du LNE (Laboratoire national d’essais) de 2023. Ces recherches démontrent que la performance de détection peut être évaluée indépendamment de la technologie employée, ce qui ouvre la voie à une approche plus pragmatique et moins contraignante.
L’autorisation potentielle d’appareils à tube présenterait de nombreux avantages pour les professionnels du diagnostic immobilier ainsi que pour leurs clients. Outre l’élimination des contraintes liées aux sources radioactives (formation spécifique à la radioprotection, autorisations administratives, gestion des déchets), ces équipements offrent une simplicité d’utilisation et renforcent la sécurité.
Toutefois, l’ANSES préconise un encadrement strict de cette transition, avec la mise en place d’une procédure d’homologation inspirée des pratiques américaines. Cette démarche inclurait des essais interlaboratoires, une actualisation des matériaux de référence et une formation adaptée des opérateurs. L’Agence insiste également sur l’extension de cette réflexion au diagnostic avant travaux ou avant démolition, essentiel pour la prévention des risques professionnels.